3 septembre 2025
L’opérateur internet et mobile Beeline prévoit de lancer un système strict de filtrage du trafic internet crypté. Ce système permettra de bloquer non seulement des sites spécifiques, mais aussi des catégories entières de contenus, des VPN aux ressources politiques, indique le projet Sistema de Radio Liberty. VimpelCom (marque Beeline) a lancé un appel d’offres pour des fournisseurs de services technologiques DPI (inspection approfondie des paquets). La principale exigence est de « garantir le filtrage du trafic, y compris le trafic HTTPS crypté », conformément à la loi et aux recommandations du Roskomnadzor.
Le nouveau système, que Beeline et peut-être d’autres opérateurs télécoms prévoient de mettre en œuvre, ne devrait pas se contenter de bloquer une adresse interdite, mais comprendre précisément ce que fait l’utilisateur : recherche d’informations, visionnage de vidéos YouTube, utilisation des e-mails ou communication via Messenger. Le système lui-même devrait être mis en œuvre dès l’année prochaine et achevé d’ici 2030.
Cette technologie permet de bloquer des services individuels au sein des applications et de classer le trafic en dizaines de catégories thématiques. Selon la documentation, le fournisseur offrira la possibilité de bloquer, ralentir ou ignorer le trafic des services bloqués par Roskomnadzor. Les exigences précisent les catégories : « contenu pour adultes », « sites de rencontres », « ressources religieuses » et « sites d’organisations politiques ». Les documents énumèrent les services spécifiques nécessitant un blocage et posant problème : VPN et anonymiseurs (OpenVPN, Tor, Proton VPN, Psiphon, HideMy.Ass) ; messageries (Telegram, WhatsApp, Viber, Signal et Discord) ; jeux (Call of Duty, Counter-Strike, Genshin Impact, World of Tanks, World of Warcraft, Minecraft et Roblox) ; réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter, TikTok). Ce niveau de détail signifie que le contrôle d’Internet en Russie atteindra un niveau inédit, et il deviendra extrêmement difficile de résister au blocage par des moyens techniques, écrit Sistema.
« L’objectif est d’instaurer un contrôle total », a déclaré Anastasia Krupe, chercheuse à Human Rights Watch et auteure d’un récent rapport sur la restriction des libertés sur Internet en Russie. Elle a ajouté que le Kremlin cherche à contrôler non seulement les informations sur le réseau, mais aussi les itinéraires et les méthodes de transmission du trafic, afin que l’Internet russe puisse fonctionner de manière isolée et être activé ou désactivé à volonté. « Ils sont loin d’être idéaux », a déclaré Krupe. « Ce n’est pas le niveau qu’ils souhaitent atteindre. Mais des progrès sont réalisés, et c’est pourquoi il convient d’y prêter attention. »
À ce stade de développement du DPI, il est possible de mettre en œuvre un nouveau système de blocage du trafic pour les utilisateurs ayant installé des certificats de sécurité racine du ministère du Développement numérique sur leurs ordinateurs et smartphones ou utilisant le navigateur Yandex, qui les intègre, estime un expert informatique d’une entreprise européenne ayant souhaité garder l’anonymat. Le gouvernement et les grandes entreprises russes militent activement en ce sens depuis plusieurs années. « Les certificats de sécurité du ministère du Développement numérique sont requis pour consulter les sites web des agences gouvernementales, des banques et de nombreuses autres organisations. Il est prévu de les introduire progressivement sur la plupart des sites web russes. Sans certificat, vos données personnelles ne sont pas suffisamment protégées ; par conséquent, lorsque vous tentez d’accéder à un site web, un avertissement indiquant que la ressource est dangereuse s’affiche », peut-on lire sur le site web de Gosuslugi.