Commentaire de Robert :
Nous avons publié de nombreux messages sur l’auto-organisation du mouvement social serbe contre le gouvernement de Vucic. L’information qui suit est intéressante : le gouvernement serbe est pris aujourd’hui entre un processus révolutionnaire qui dure depuis plus d’un an et les pressions de Poutine. C’est ainsi qu’il faut comprendre cette situation d’un Vucic assis entre deux chaises. Il va finir par se faire mal !
Date : 3 novembre
La Serbie a proposé à l’Union européenne d’acheter des munitions sans aucune obligation d’utilisation, a déclaré le président Aleksandar Vučić dans un entretien avec Cicero. Il a souligné que la Serbie produit plus de munitions que la France, notamment pour les mortiers, et que ses entrepôts sont pleins ; il est donc nécessaire d’en faire quelque chose. « Je ne veux pas être perçu comme un fournisseur d’armes aux belligérants, mais l’Europe a besoin de munitions. C’est pourquoi j’ai proposé à nos amis de l’UE de signer un contrat d’approvisionnement avec nous et de prendre tout notre stock », a déclaré M. Vučić. Selon lui, « ce serait la contribution majeure de la Serbie à la sécurité européenne ».
Interrogé sur une éventuelle utilisation future de ces munitions dans le conflit ukrainien, Vučić a répondu que « les acheteurs sont libres d’en disposer comme bon leur semble ». « Nous avons simplement besoin d’un contrat à long terme pour pouvoir planifier. J’ai toujours affirmé que la Serbie maintient sa neutralité militaire. Mais nous sommes tout à fait prêts à coopérer avec les armées européennes », a-t-il souligné. Vučić a ajouté qu’il « attendait une réponse définitive » concernant les livraisons de munitions à l’UE.
Il a également souligné que la Serbie « condamne l’attaque de la Russie contre l’Ukraine » et respecte l’intégrité territoriale de cette dernière. « Demandez donc au président ukrainien Volodymyr Zelensky quel pays des Balkans a fourni à l’Ukraine l’aide financière et humanitaire la plus importante. La réponse pourrait vous surprendre », a fait remarquer Vučić. Il a ajouté, cependant, qu’il n’a aucune intention de rompre les relations avec la Russie, notamment en raison de son besoin d’approvisionnement en gaz à bas prix.
Fin mai, le Service de renseignement extérieur russe (SVR) a accusé des entreprises de défense serbes de fournir des munitions à l’Ukraine, malgré la neutralité affichée de Belgrade. Le SVR a affirmé que la Serbie vendait des armes à Kiev en utilisant de faux certificats d’utilisateur final et des pays intermédiaires, notamment des membres de l’OTAN comme la République tchèque, la Pologne, la Bulgarie et des États africains. En réponse, Vučić a promis que la Serbie refuserait de fournir des munitions aux acheteurs si elle découvrait que le destinataire final était l’Ukraine.
Le Financial Times avait précédemment rapporté que l’Ukraine avait reçu pour environ 800 millions d’euros de munitions serbes via des pays tiers. Vučić a qualifié ce chiffre de « globalement exact » et a souligné que la Serbie ne fournit pas d’armes à la Russie ni à l’Ukraine, mais a des contrats avec des pays occidentaux, et que « ce qu’ils en font finalement ne regarde qu’eux ». « Mon rôle est de veiller à ce que nous gérions nos munitions dans le respect de la loi et que nous les vendions. Je dois protéger mon peuple, et c’est tout. C’est tout ce que je peux dire. Nous avons des amis à Kiev et à Moscou. Ce sont nos frères slaves », a déclaré Vučić.